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Les pieds dans la glaise

 

Mon enfance se déroula, cahin-caha

Dans un village peuplé de 450 âmes

Sur la place de l'église, trois bancs de bois

Deux bistrots où se répandaient quelques quidams

La vieille vespasienne accueillait les trop-pleins

Des pots de beaujolais éclusés dans la liesse

Les fins d'après-midi quand le temps est au vin

Ou les dimanches matin à la sortie de la messe

 

J'sors pas d'la bourgeoisie lyonnaise

Je suis né les pieds dans la glaise.

 

L'épicerie c'était pas l'super-market

Mais un vrai bric-à-brac où traînaient pêle-mêle

Du vin, des oeufs, du sel, des allumettes,

Et des bonbons pour les gamins en ribambelle

Sur ce capharnaüm, affable, elle régnait

Ma mère que les clients appelaient la Lisette

Quand un vieil habitué ne pouvait plus payer

Sur son petit carnet elle effaçait les dettes

 

Les rupins, c'est pas ma genèse

J'ai grandi les pieds dans la glaise

 

A 15 ans j'avançais mes premiers pas,

Mes premières échappées du cocon familial

Je découvrais la vie juste au-delà

Des murs et des chemins de l'horizon rural.

Les cigarettes blondes et les baisers furtifs,

Les boissons exotiques au bar des escapades

Mais quelle honte quand, mon père impératif,

Au retour commandait le gros rouge limonade

 

De ce temps-là, reste un malaise

J'ai encore les pieds dans la glaise

 

Désirant m'évader de ce bourbier

De cet univers clos où tout est trop tranquille

Comme les papillons, me fis piéger

Par la fascination des lumières de la ville

Pour planter mes pénates, enfin devenir grand

Il me fallait choisir un lieu qui soit l'emblème

D'une vie citadine bien loin des paysans

J'ai atterri aux pieds d'une cité H.L.M.

 

Faut pas écouter les fadaises

Quand on a les pieds dans la glaise

 

Noyé dans le béton, incognito

Je découvrais béat les relations futiles,

La misère isolée du populo,

Réalité brutale des parcours inutiles.

Finis ragots mesquins et patois du terroir,

Mais pire est le mépris et pire l'indifférence,

Quand on n'a plus personne où tourner son regard

Comment se raccrocher au fil de l'existence.

 

Parfois la solitude pèse

Quand on a les pieds dans la glaise

 

J'ai rencontré depuis, des citadins

Installés dans la ville du côté des lumières

J'ai même des amis, semi-mondains

"Que pensez-vous de cette exposition, mon cher!"

J'ai traîné dans les bars, visité des musées

Applaudi aux concerts, croisé des noms illustres

N'empêche que parfois, dans mes petits souliers

Je ressens tout le poids de mon passé de rustre

 

Qu'on l'avoue ou bien qu'on le taise

On garde les pieds dans la glaise

Mais je suis fier, ne vous déplaise

D'être né les pieds dans la glaise.

Quelques textes de chansons

Si

 

Si ton avenir est indécis,

Si le nuage s’épaissit

Sur la fenêtre de tes rêves

Si tes lendemains sont obscurcis

Par les problèmes, les soucis

Si tu dois te battre sans trêve

Si tu ne sais plus si c’est ici

Ou là qu’on prend le raccourci

Pour atterrir sur la grève

Si le large chemin s’étrécit

Où tu veux écrire le récit

De ton existence trop brève

 

Alors, vas-y, évade toi

La poésie, c’est fait pour ça

Les mots te diront où tu vas

Alors vas-y, n’hésite pas

 

Si, pour un rien, pour une idiotie,

Un mot de trop, une ineptie,

Ta belle, un jour, a fait sa malle

Si elle a tourné casaque et si

Sans au-revoir, sans un merci

Vers ailleurs elle a mis les voiles

Si ton visage s’est endurci

S’il a blêmi sous le glacis

D’une terreur presqu’animale

Si tu te retrouves seul et si

Tu ne supportes plus le si-

lence, la nuit, sous les étoiles

Alors, vas-y, évade toi

La musique a ce pouvoir-là

La mélodie t’entraînera

Alors vas-y, n’hésite pas

 

Si ta vie ne fut qu’un ramassis

De faux-fuyants, d’acrobaties

Pour surnager dans la pénombre

Si tout ce que tu as réussi

Ressemble à un vieux pain rassis

Si tu fléchis et si tu sombres

Si ton passé fleure le ranci,

Si tu sens la catalepsie

Tapie, prête à sortir de l’ombre

Si tu es au bord de l’asphyxie

Les poumons étroits et noircis

Semblables à un tas de décombres

Alors, vas-y, évade toi

La danse guidera tes pas

Trois tours de valse et tu vivras

Alors vas-y, n’hésite pas

.

Alors, vas-y, évade toi

Chante à tue-tête , à pleine voix

Enivre- toi de la samba

Alors vas-y, ....... évade toi

Partir

 

Partir, partir jusqu'au delà des peurs,

oser délaisser le confort

du nid douillet des habitudes

Aller de l'avant vers ailleurs,

marcher toujours, marcher encore,

Refuser l'impot du banal,

tenter de saisir l'idéal.

 

Etre au pied d'un Himalaya,

contempler les cimes de glace

gravir la pente pas à pas

et voir s'épanouir l'espace.

Voir filer l'éclair d'un train

raturant un plaine immense,

prendre sa valise à la main

voyageur toujours en partance.

​

Partir, vers des rivages admirables,

être riche ou bien misérable

vivre seul ou en multitude.

Rencontrer des analphabètes

aux dons merveilleux de poètes

Côtoyer des bons, des méchants

devenir mécène ou truand

 

Se planter devant l'océan

seul face à l'horizon vide

s'embarquer pour rompre le temps

au sein de l'univers liquide

Admirer l'essor d'un oiseau

le vol suspendu d'un rapace

se projeter toujours plus haut

et vouloir conquérir l'espace.

 

Partir, voler plus haut que le soleil

marcher plus loin que l'arc en ciel

voguer toujours vers d'autres rives

Se nourrir des fruits de la terre,

se désaltérer des rivières

Avoir envie d'aller plus loin

se fabriquer des lendemains

 

Poser sa valise un matin

savourer ce qui vous entoure,

redécouvrir son voisin,

et les environs de sa cour.

Mais garder présent la vision

de départs vers d'autres possibles,

voir au delà de l'horizon

élargir l'univers sensible.

 

Partir, nous nous en irons tous un jour

pour un voyage sans retour

pour un océan sans rivage

partant sans cesse pour d'autres lieux,

vers d'autres gens, sous d'autres cieux

nous seront peut-être plus sages

pour affronter le grand voyage.

J'trouve pas mes notes

 

Y'en a qui disent, c'est pas malin,

T'as une partition dans les mains,

Des noires, des croches et des soupirs,

Pour chanter, suffit d'savoir lire.

Pour les descentes et les montées,

Tu suis l'échelle de la portée

Avec un petit peu d'entraînement

On en vient à bout facilement.

 

Et moi j'en bave des ronds de chapeau,

J'trouve pas mes notes, j'trouve pas mes mots,

Les points noirs dansent devant mes yeux,

Les rondes ont un air malicieux

Un contretemps et j'rate le coche,

Sourire narquois d'une double croche,

Je chante un fa au lieu d'un sol

Je monte au la, j'me retrouve tout seul,

Y'en a qui trouvent ça rigolo,

Mais moi j'en bave des ronds de chapeau.

 

Y'en a qui pensent, c'est pas malin,

Ecrire une chanson, un refrain,

Trois bouts de rimes et deux accords

Et tu t'en tires sans trop d'effort.

Quand t'as trouvé l'idée de départ

Reste à laisser faire le hasard,

Les mots s'enchaînent si facilement

Que c'est vraiment un jeu d'enfant.

 

Et moi j'en bave des ronds de chapeau,

J'trouve pas mes notes, j'trouve pas mes mots,

Deux phrases et je suis dans la dèche,

Je tourne en rond, c'est la panne sèche,

Je fredonne un brin de mélodie,

Mi, mi, mi, ré, ré do, ré, mi

Mais au moment d'le répéter,

C'est oublié, faut recommencer,

Composer, c'est p't-être rigolo,

Mais moi j'en bave des ronds de chapeau,

 

Y'en a qui savent, et c'est malin,

Trouver d'l'amour dans tous les coins,

Ils disent c'est pas bien difficile

De séduire une jolie fille,

Il faut savoir baratiner.

Mettre en avant ses qualités

Emettre un sourire enjôleur,

Pour devenir bourreau des cœurs.

 

Et moi j'en bave des ronds de chapeau,

J'trouve pas mes notes, j'trouve pas mes mots,

J'voudrais parler d'amour en vers

Mais les rimes tournent à l'envers,

Pour fredonner ma sérénade

J'ai le cœur qui bat la chamade,

Comme Brel j'apporte des bonbons

Quand elles veulent des roses en boutons,

Je serai jamais un gigolo,

J'trouve pas mes notes, j'trouve pas mes mots,

Destin de feuille

 

Ce soir s’est levée la tempête,

Le vent a lâché ses chiens fous

Le vent gifle, le vent me fouette

Ses grandes claques me secouent.

Le bout de branche où je m’accroche
Danse une gigue échevelée,

Déjà, ma tige se décroche,

Je n’en peux plus, je vais lâcher.

Refrain :

Je tombe, et ma chute n’en finit pas,

Je tombe, je tombe de vie à trépas,

Je vais me poser sur le tas

Des feuilles tombées avant moi.

 

Au printemps, nimbé de dentelle,

Mon limbe s’ouvrit langoureux

Léger, fragile comme une aile,

D’un tendre vert si lumineux.

La sève coulant dans mes veines,

Avait un pouvoir enivrant,

La forêt s’offrait souveraine

Cathédrale pour les amants.

Mais voilà que je tombe.… Refrain

 

Quand le soleil cognait, torride,

Quand la chaleur plombait l’ennui

Quand, bercée de rêves languides,

Toute vie s’était endormie.

Je m’étalais, frêle barrage

Aux ardeurs brûlantes des cieux

Et la fraîcheur de mon ombrage

Offrait un jardin délicieux.

Mais à présent je tombe ..Refrain

 

L’automne s’invita furtif

Le jour céda place à la nuit

Perdant son combat décisif

Aux brumes d’un matin transi.

Pour faire face à l’inéluctable

Me parai de mille couleurs

D’un embrasement formidable,

Pathétique baroud d’honneur

Et maintenant je tombe … Refrain+

Je tombe, et ma chute s’arrête là

Ma tombe sera ce misérable tas

Des feuilles tombées avant moi.

André Marguin

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